Fin XVIIIe, les Baigneuses ont fait irruption en masse dans l’art occidental.
D’Ingres aux innombrables baigneuses de Cézanne ou Renoir, en passant par Courbet et Picasso, on trouve des baigneuses par paquet dans tous les musées du monde, section impressionnistes surtout, sans doute un prétexte facile trouvé par les artistes pour assouvir leurs envies de femmes nues.
 

Les femmes, l’art et la nudité

 
Ouvrons d’ailleurs ici une brève parenthèse engagée.

Saviez-vous que seulement 4% des artistes exposés au Metropolitain Museum de New York sont des femmes alors même que 76% des nus sont féminins ? [cf. l’excellent travail Do Women have to be naked to get into the Met. Museum ? des Guerilla Girls].
 

De même, à peine plus d’une vingtaine d’artistes femmes figurent dans les collections de peinture du Louvre et le Musée d’Orsay, qui couvre pourtant une période bien plus récente, n’affiche que 7% d’artistes féminins…

Vaste sujet sur lequel il faut absolument lire les travaux de l’historienne de l’art Linda Nochlin et son article paru en 1971 Why Have There Been No Great Women Artists ?.
 

La démocratisation des bains de mer et la popularisation de la figure de la Baigneuse

 
Mais revenons à nos baigneuses !

Figure centrale de la peinture donc, notre imaginaire est rempli de femmes alanguies sortant d’un bain pris en pleine nature, entre copines. On papote tranquillement sous les arbres, nues évidement, en attendant de sécher.

Il faut attendre le début du XXe siècle pour voir apparaitre, dans la peinture, des baigneuses en bord de mer et en maillot de bain (y a-t-il un lien de cause à effet ?).

Dufy avec Les trois baigneuses, Picasso avec Les baigneuses et bien d’autres, montrent la progressive libération de la femme, les maillots à rayures et l’entre-deux-guerres insouciant. La baigneuse n’est plus un objet de désir languissant mais une figure en mouvement, à l’image de la géniale série des Baigneuses au ballon (#3 ci-dessous) de Picasso (1928).

Avec la démocratisation des bains de mer, la baigneuse perd progressivement son statut de muse et se popularise, mouvement accéléré par l’arrivée au pouvoir du Front Populaire en 1936 et la généralisation des congés payés.
On la retrouve alors déclinée à l’infini dans toutes les boutiques de souvenirs des stations balnéaires françaises : en céramique, en bronze, en bois, en plâtre, sur des poudriers, des cendriers, des bonbonnières, des salières, en souvenir d’un séjour à Deauville, Trépor ou Ostende…

Les nôtres s’inscrivent dans cette même tradition populaire. Elles nagent, libérées, dans une mer étoilée infinie.

Pour les découvrir, rendez-vous ici.

With Love,
Les Flamants Jaunes

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